Vendredi 10 mai 2013
19:30
Le grand désordre (Grand bazar sous les étoiles) (Der große Verhau) (90min.)
(1971)
« Temps fondateurs à l’ouest de la galaxie. »
Dans le film de science-fiction Der große Verhau, la guerre civile fait rage au sein de la galaxie. Dans ce contexte c’est la compagnie universelle du canal maritime de Suez qui s’en sort le mieux, elle qui a perdu dès 1956 son créneau d’exploitation originel, à savoir le canal ; dépourvue d’objet, elle peut continuer tranquillement son expansion.
Le pilote spatial Douglas (Sigi Graue), les époux Sterr, l’Amiral Bohm (Hark Bohm), l’ingénieur Bodenham (Ian Bodenham, qui dirige maintenant l’une des principales sections de la Public Television aux États-Unis) et bon nombre d’autres personnels sont venus peupler le cosmos.
« Peu après, ils interceptèrent un groupe de 40 personnes, qui, à bord de petits engins spatiaux, se dirigeaient vers l’endroit où, disait-on, l’industrie avait disparu. »
19:30
Le grand désordre (Grand bazar sous les étoiles) (Der große Verhau) (90min.)
(1971)
« Temps fondateurs à l’ouest de la galaxie. »
Dans le film de science-fiction Der große Verhau, la guerre civile fait rage au sein de la galaxie. Dans ce contexte c’est la compagnie universelle du canal maritime de Suez qui s’en sort le mieux, elle qui a perdu dès 1956 son créneau d’exploitation originel, à savoir le canal ; dépourvue d’objet, elle peut continuer tranquillement son expansion.
Le pilote spatial Douglas (Sigi Graue), les époux Sterr, l’Amiral Bohm (Hark Bohm), l’ingénieur Bodenham (Ian Bodenham, qui dirige maintenant l’une des principales sections de la Public Television aux États-Unis) et bon nombre d’autres personnels sont venus peupler le cosmos.
« Peu après, ils interceptèrent un groupe de 40 personnes, qui, à bord de petits engins spatiaux, se dirigeaient vers l’endroit où, disait-on, l’industrie avait disparu. »
____________EXTRA:
Début de tournage en toute urgence
Il officiait en tant que directeur de création d’une agence de publicité à Francfort. Comme bien d’autres en ces jours de la fin de l’année 1969, il était menacé de licenciement. Les entreprises publicitaires prenaient des mesures de rationalisation. Il craignait pour son existence.
Ainsi s’était-il rendu à Ulm. Son désir était de passer devant la caméra. Si son existence s’effondrait, il prétendait au moins s’illustrer sur le plan artistique.
Sur les longs établis de marbre de l’une des sections de la Haute École des arts appliqués responsable pour la production de modèles et de sculptures, nous avions fabriqué des paysages extraterrestres à l’aide de ferrailles, de plâtre et de sable. Des projecteurs, parmi lesquels des spots miniatures équipés de filtres colorés, prêtèrent à cette planète inconnue la lumière de soleils lointains. L’une de nos spécialités était les soleils doubles. Edgar Reitz en avait mis au point la technique, notamment pour le mouvement lent de ces corps célestes d’un horizon à l’autre. À ceci nous avions ajouté des méthodes pour faire jaillir l’essence enflammée dans la scène à partir de seringues à usage médical, en guise d’« artillerie galactique ». Nos installations brûlaient à merveille.
L’« irréfragable » Alfred Edel, annoncé par voie télégraphique, se fit cueillir à la gare. Il se dit prêt à accepter n’importe quel rôle. Pourvu que le tournage commençât aujourd’hui même. En moins d’une heure nous conçûmes le personnage de l’ex-père de famille et désormais pilote spatial Willi Tobler. Dans ce contexte il fut aussi question de la cinématographie du cosmos : comment les lumières et les couleurs se comportent-elles quand trois soleils tournent autour d’eux-mêmes de manière aléatoire (le problème des trois corps). Sur quel mode devient-il possible de se représenter les levers et couchers de soleil vus d’une planète qui gravite en double spirale autour de Sirius et de son compagnon de route Sirius B ? Quel type de lumière peut bien émaner des étoiles ainsi que des autres planètes ? J’avais ces questions-là à l’esprit ; à part celles-ci, l’étrange univers du chaudron de Stalingrad taquinait mon imagination.
C’était la fin de la semaine. Sans la présence d’Edgar Reitz pour nous corriger. Entraînés par l’élan paniqué et donc pressé d’Alfred Edel, lui-même plein d’ardeur et d’impatience, nous entamions les travaux du tournage. Le lendemain Hark Bohm et son épouse se joignaient à nous en tant qu’acteurs (« amiral spatial »).
Début de tournage en toute urgence
Il officiait en tant que directeur de création d’une agence de publicité à Francfort. Comme bien d’autres en ces jours de la fin de l’année 1969, il était menacé de licenciement. Les entreprises publicitaires prenaient des mesures de rationalisation. Il craignait pour son existence.
Ainsi s’était-il rendu à Ulm. Son désir était de passer devant la caméra. Si son existence s’effondrait, il prétendait au moins s’illustrer sur le plan artistique.
Sur les longs établis de marbre de l’une des sections de la Haute École des arts appliqués responsable pour la production de modèles et de sculptures, nous avions fabriqué des paysages extraterrestres à l’aide de ferrailles, de plâtre et de sable. Des projecteurs, parmi lesquels des spots miniatures équipés de filtres colorés, prêtèrent à cette planète inconnue la lumière de soleils lointains. L’une de nos spécialités était les soleils doubles. Edgar Reitz en avait mis au point la technique, notamment pour le mouvement lent de ces corps célestes d’un horizon à l’autre. À ceci nous avions ajouté des méthodes pour faire jaillir l’essence enflammée dans la scène à partir de seringues à usage médical, en guise d’« artillerie galactique ». Nos installations brûlaient à merveille.
L’« irréfragable » Alfred Edel, annoncé par voie télégraphique, se fit cueillir à la gare. Il se dit prêt à accepter n’importe quel rôle. Pourvu que le tournage commençât aujourd’hui même. En moins d’une heure nous conçûmes le personnage de l’ex-père de famille et désormais pilote spatial Willi Tobler. Dans ce contexte il fut aussi question de la cinématographie du cosmos : comment les lumières et les couleurs se comportent-elles quand trois soleils tournent autour d’eux-mêmes de manière aléatoire (le problème des trois corps). Sur quel mode devient-il possible de se représenter les levers et couchers de soleil vus d’une planète qui gravite en double spirale autour de Sirius et de son compagnon de route Sirius B ? Quel type de lumière peut bien émaner des étoiles ainsi que des autres planètes ? J’avais ces questions-là à l’esprit ; à part celles-ci, l’étrange univers du chaudron de Stalingrad taquinait mon imagination.
C’était la fin de la semaine. Sans la présence d’Edgar Reitz pour nous corriger. Entraînés par l’élan paniqué et donc pressé d’Alfred Edel, lui-même plein d’ardeur et d’impatience, nous entamions les travaux du tournage. Le lendemain Hark Bohm et son épouse se joignaient à nous en tant qu’acteurs (« amiral spatial »).
21:30
Willi Tobler et le déclin de la 6e flotte (Willi Tobler und der Untergang der 6. Flotte) (78 min. )
(1972)
« La volonté de vivre se répand quand la terre s’arrête de tourner. »
Pendant la guerre civile galactique de l’an 2040. Willi Tobler (Alfred Edel) a une femme et deux enfants. Suite à un bombardement depuis le cosmos, il décide d’abandonner tous ses biens, sa femme et ses enfants, toutes ses résolutions et toutes vertus. Soulagé de ces fardeaux, il veut pourvoir à sa sécurité. Aussi se présente-il pour servir auprès de l’Amiral Bohm, dans un autre secteur spatial. Il devient immédiatement l’attaché de presse de la sixième flotte spatiale. Cet engagement finit par le prendre au piège. Les rapports de force changent. Willi Tobler n’a pas misé sur le bon camp de la guerre civile. Le juge de la cour martiale (Hannelore Hoger) le condamne à mort. Sécurité : nulle part.
« Ayant jusqu’à 16 heures pour décider quel camp de la guerre civile je soutiens, je viens d’entamer des études de philosophie. »
Acteurs : Alfred Edel, Hark Bohm, Kurt Jürgens
Willi Tobler et le déclin de la 6e flotte (Willi Tobler und der Untergang der 6. Flotte) (78 min. )
(1972)
« La volonté de vivre se répand quand la terre s’arrête de tourner. »
Pendant la guerre civile galactique de l’an 2040. Willi Tobler (Alfred Edel) a une femme et deux enfants. Suite à un bombardement depuis le cosmos, il décide d’abandonner tous ses biens, sa femme et ses enfants, toutes ses résolutions et toutes vertus. Soulagé de ces fardeaux, il veut pourvoir à sa sécurité. Aussi se présente-il pour servir auprès de l’Amiral Bohm, dans un autre secteur spatial. Il devient immédiatement l’attaché de presse de la sixième flotte spatiale. Cet engagement finit par le prendre au piège. Les rapports de force changent. Willi Tobler n’a pas misé sur le bon camp de la guerre civile. Le juge de la cour martiale (Hannelore Hoger) le condamne à mort. Sécurité : nulle part.
« Ayant jusqu’à 16 heures pour décider quel camp de la guerre civile je soutiens, je viens d’entamer des études de philosophie. »
Acteurs : Alfred Edel, Hark Bohm, Kurt Jürgens
__________EXTRA:
Remède de cheval
Le brave rédacteur de cinéma du ZDF qui voulait m’éduquer, sans d’ailleurs jamais perdre patience et me tenant pour « susceptible d’évoluer », me convoqua pour service à la rédaction nocturne le jour où le film Willi Tobler et le déclin de la 6e flotte était diffusé par la chaîne. Ce service répond aux appels téléphoniques qui parviennent à la rédaction nocturne pendant et après la diffusion d’un film. À peine sept minutes après le début du programme un premier appel en provenance d’un village au nord de Hanovre. Dans la foulée six nouveaux appels en file d’attente. Ce n’étaient pas des appels exprimant la satisfaction.
Je dus répondre à chacun des interlocuteurs sous l’œil du rédacteur de cinéma. Ce n’était pas comme dans les débats avec les spectateurs d’un cinéma, qui avaient payé leur entrée, s’étaient déplacés, venaient de suivre la projection dans son intégralité et qui, après ces divers efforts fournis de leur part, prenaient alors position au sein de la discussion ; ces spectateurs-là ne souhaitaient pas invalider leur activité préalable ; ils étaient prêts à entendre les réponses des réalisateurs. Ils défendaient mordicus contre la déception leur temps de vie investi. À l’inverse de cette robuste communauté installée devant sa télé et qui décrochait maintenant son téléphone.
Le rédacteur de cinéma Willi Segler n’était pas enclin à me faire grâce de la valeur éducative de ces appels dont il savait l’habituelle substance. Il escomptait qu’à l’occasion d’une prochaine collaboration j’allais moins prendre mes propres préférences artistiques comme point de départ pour tenir compte davantage de la résistance qu’une grande chaîne doit affronter, telle une mer houleuse.
- Et si quelque chose avait plu à tous ceux qui n’ont pas appelé ?
- Je ne crois pas.
Homme au grand cœur, le directeur des programmes du ZDF de l’époque avait accepté la diffusion de cette œuvre davantage en raison de ma visite personnelle que sur la base de sa propre évaluation du film (qu’il n’avait pas vu, ses collaborateurs lui ayant préparé des fiches). Le rédacteur de cinéma s’était quant à lui abstenu de toute résistance, notamment par curiosité de voir ce qui allait se passer si l’on montrait ce film sur la chaîne-phare ZDF.
- Avez-vous couché avec le directeur de la chaîne ?
- Bien sûr que non.
- Ce film est inacceptable !
- De quel moment du film parlez-vous ?
- De l’ensemble. Bonsoir (raccroche).
Il s’avéra que la méthode du montage filmique, qui avait fait ses preuves pour le cinéma, se prêtait mal à la réception télévisuelle.
Dans la nuit qui a suivi ce traitement de cheval je résolus de ne réaliser dorénavant que des films qui ne passeraient qu’en salles à moins d’être suffisamment ancrés dans la réalité pour ne faire l’objet d’aucun montage. Il me sembla que le montage visait à rendre manifeste quelque chose que l’on ne peut saisir directement parce qu’elle n’est pas constituée d’objets visibles. Cela valait par exemple pour une guerre dans l’espace, qui se prolonge des décennies durant et que je n’ai pas vécue moi-même.
Remède de cheval
Le brave rédacteur de cinéma du ZDF qui voulait m’éduquer, sans d’ailleurs jamais perdre patience et me tenant pour « susceptible d’évoluer », me convoqua pour service à la rédaction nocturne le jour où le film Willi Tobler et le déclin de la 6e flotte était diffusé par la chaîne. Ce service répond aux appels téléphoniques qui parviennent à la rédaction nocturne pendant et après la diffusion d’un film. À peine sept minutes après le début du programme un premier appel en provenance d’un village au nord de Hanovre. Dans la foulée six nouveaux appels en file d’attente. Ce n’étaient pas des appels exprimant la satisfaction.
Je dus répondre à chacun des interlocuteurs sous l’œil du rédacteur de cinéma. Ce n’était pas comme dans les débats avec les spectateurs d’un cinéma, qui avaient payé leur entrée, s’étaient déplacés, venaient de suivre la projection dans son intégralité et qui, après ces divers efforts fournis de leur part, prenaient alors position au sein de la discussion ; ces spectateurs-là ne souhaitaient pas invalider leur activité préalable ; ils étaient prêts à entendre les réponses des réalisateurs. Ils défendaient mordicus contre la déception leur temps de vie investi. À l’inverse de cette robuste communauté installée devant sa télé et qui décrochait maintenant son téléphone.
Le rédacteur de cinéma Willi Segler n’était pas enclin à me faire grâce de la valeur éducative de ces appels dont il savait l’habituelle substance. Il escomptait qu’à l’occasion d’une prochaine collaboration j’allais moins prendre mes propres préférences artistiques comme point de départ pour tenir compte davantage de la résistance qu’une grande chaîne doit affronter, telle une mer houleuse.
- Et si quelque chose avait plu à tous ceux qui n’ont pas appelé ?
- Je ne crois pas.
Homme au grand cœur, le directeur des programmes du ZDF de l’époque avait accepté la diffusion de cette œuvre davantage en raison de ma visite personnelle que sur la base de sa propre évaluation du film (qu’il n’avait pas vu, ses collaborateurs lui ayant préparé des fiches). Le rédacteur de cinéma s’était quant à lui abstenu de toute résistance, notamment par curiosité de voir ce qui allait se passer si l’on montrait ce film sur la chaîne-phare ZDF.
- Avez-vous couché avec le directeur de la chaîne ?
- Bien sûr que non.
- Ce film est inacceptable !
- De quel moment du film parlez-vous ?
- De l’ensemble. Bonsoir (raccroche).
Il s’avéra que la méthode du montage filmique, qui avait fait ses preuves pour le cinéma, se prêtait mal à la réception télévisuelle.
Dans la nuit qui a suivi ce traitement de cheval je résolus de ne réaliser dorénavant que des films qui ne passeraient qu’en salles à moins d’être suffisamment ancrés dans la réalité pour ne faire l’objet d’aucun montage. Il me sembla que le montage visait à rendre manifeste quelque chose que l’on ne peut saisir directement parce qu’elle n’est pas constituée d’objets visibles. Cela valait par exemple pour une guerre dans l’espace, qui se prolonge des décennies durant et que je n’ai pas vécue moi-même.
Nouvelles du cosmos (31 min.)
1. Introduction
2. Frères du Soleil.
3. L’astronautique comme expérience intérieure.
4. La structure interne de l’étoile à neutrons.
5. Doubles étoiles dont l’une est une étoile à neutrons.
6. Le paradoxe d’Olbers.
7. Ras Algethi, l’étoile géante.
8. Vis perdue dans l’orbite. Avec Helge Schneider.
1. Introduction
2. Frères du Soleil.
3. L’astronautique comme expérience intérieure.
4. La structure interne de l’étoile à neutrons.
5. Doubles étoiles dont l’une est une étoile à neutrons.
6. Le paradoxe d’Olbers.
7. Ras Algethi, l’étoile géante.
8. Vis perdue dans l’orbite. Avec Helge Schneider.
_____________EXTRA:
Vous avez dit un jour que ce qui vous intéressait à propos des étoiles, c’est leur caractère infaillible. Les coordonnées stellaires ne sont pas manipulables.
Les fanaux sur les côtes peuvent être déplacés par ceux qui résident en terre ferme de manière à causer le naufrage du plus grand nombre de bateaux possible par un tel mode d’orientation. C’est ainsi que procèdent les pilleurs d’épaves. Et dans le fond, tout ce qui est sous influence humaine et qui concerne les rapports d’éloignement est confus sous nos latitudes d’Europe centrale. Cela ressemble beaucoup au loup à qui il suffit de montrer patte blanche et de masquer sa voix pour tromper les chevreaux afin qu’ils lui ouvrent la porte. Les hommes qui ont des raisons de craindre dans nos contrées ont besoin d’orientation. Dans un ciel rarement dépourvu de nuages au-dessus de l’Europe ils ont même grand peine à voir les étoiles pour se repérer. Au contraire d’Ulysse, qui pouvait naviguer en mer en se fiant aux étoiles. Et qui est capable même de déplacer sa maison, à savoir son bateau.
Là vous plongez votre regard dans le passé. Peu nombreux sont en fait ceux qui de nos jours s’orientent encore grâce aux étoiles, pour définir leur position ou la direction…
L’Humanité ne change pas si vite. Quand les bergers, les peuples nomades, les peuples des mers et d’ailleurs aussi ceux qui, en Égypte, faisaient labours et récoltes, tenaient aux étoiles à ce point, alors cet attachement aux étoiles se perpétue au cours des générations suivantes, même si la société a délaissé la pratique depuis longtemps. Ce qui est apparu un jour chez les hommes comme une force productive est intériorisé et finit par avoir ses plus nettes répercussions trente générations plus tard. Prenez ces gens qui ont travaillé dans les usines dans les années 1910 ou 1920 et que Taylor a étudiés sous l’angle de la rationalisation (pour savoir s’il était possible de multiplier encore plus cette force de travail). Les usines qui ont donné lieu à cela ont quasiment disparues, et pourtant cela a laissé des traces non seulement auprès des ouvriers et de leurs descendants, mais des traces qui concernent la société entière. L’on en observe les répercussions sous l’aspect de l’homme industriel qui déploie ses capacités sur des ordinateurs. Les vertus subjectives se maintiennent sur des durées immensément longues. Et ce qui les a marquées objectivement – extérieurement – et qui s’est imposé à eux, à savoir les conditions objectives, cela se continue par une forme d’écho subjectif. Mais j’ai quelque peu contourné votre question, car mon rapport aux étoiles est indirect. Évidemment je suis guidé par ma curiosité ; quand j’étais petit garçon j’écoutais des histoires, les contes sur l’astronomie de l’époque: Bruno H. Bürgel éditait alors le magazine « Kosmos ». C’est ce qu’écoliers nous lisions. Ce n’est que le point de départ de mon intérêt pour les étoiles. Ce n’est que bien plus tard que j’ai en fait compris pourquoi fait cela est intéressant : parce que cela se passe en dehors de toute dimension humaine. Ce type de rapports m’intéresse : s’y manifeste l’infiniment petit, que l’on trouve sur le mur de Planck et qui nous échappe, car visible à travers aucun microscope, outre le fait qu’elle échappe à notre emprise. Ce nano-monde et le cosmos constituent les deux contraires aussi gros que grotesques vus depuis la perspective au ras-de-terre de nos vies d’êtres humains. Et nous participons de l’histoire astronomique, cela ne fait aucun doute. Nous portons en nous ces particules issues de la pré-histoire, qui fut le propre de toute vie dans le cosmos, sans nous en servir dans des proportions suffisamment visibles pour être notées.
Vous avez dit un jour que ce qui vous intéressait à propos des étoiles, c’est leur caractère infaillible. Les coordonnées stellaires ne sont pas manipulables.
Les fanaux sur les côtes peuvent être déplacés par ceux qui résident en terre ferme de manière à causer le naufrage du plus grand nombre de bateaux possible par un tel mode d’orientation. C’est ainsi que procèdent les pilleurs d’épaves. Et dans le fond, tout ce qui est sous influence humaine et qui concerne les rapports d’éloignement est confus sous nos latitudes d’Europe centrale. Cela ressemble beaucoup au loup à qui il suffit de montrer patte blanche et de masquer sa voix pour tromper les chevreaux afin qu’ils lui ouvrent la porte. Les hommes qui ont des raisons de craindre dans nos contrées ont besoin d’orientation. Dans un ciel rarement dépourvu de nuages au-dessus de l’Europe ils ont même grand peine à voir les étoiles pour se repérer. Au contraire d’Ulysse, qui pouvait naviguer en mer en se fiant aux étoiles. Et qui est capable même de déplacer sa maison, à savoir son bateau.
Là vous plongez votre regard dans le passé. Peu nombreux sont en fait ceux qui de nos jours s’orientent encore grâce aux étoiles, pour définir leur position ou la direction…
L’Humanité ne change pas si vite. Quand les bergers, les peuples nomades, les peuples des mers et d’ailleurs aussi ceux qui, en Égypte, faisaient labours et récoltes, tenaient aux étoiles à ce point, alors cet attachement aux étoiles se perpétue au cours des générations suivantes, même si la société a délaissé la pratique depuis longtemps. Ce qui est apparu un jour chez les hommes comme une force productive est intériorisé et finit par avoir ses plus nettes répercussions trente générations plus tard. Prenez ces gens qui ont travaillé dans les usines dans les années 1910 ou 1920 et que Taylor a étudiés sous l’angle de la rationalisation (pour savoir s’il était possible de multiplier encore plus cette force de travail). Les usines qui ont donné lieu à cela ont quasiment disparues, et pourtant cela a laissé des traces non seulement auprès des ouvriers et de leurs descendants, mais des traces qui concernent la société entière. L’on en observe les répercussions sous l’aspect de l’homme industriel qui déploie ses capacités sur des ordinateurs. Les vertus subjectives se maintiennent sur des durées immensément longues. Et ce qui les a marquées objectivement – extérieurement – et qui s’est imposé à eux, à savoir les conditions objectives, cela se continue par une forme d’écho subjectif. Mais j’ai quelque peu contourné votre question, car mon rapport aux étoiles est indirect. Évidemment je suis guidé par ma curiosité ; quand j’étais petit garçon j’écoutais des histoires, les contes sur l’astronomie de l’époque: Bruno H. Bürgel éditait alors le magazine « Kosmos ». C’est ce qu’écoliers nous lisions. Ce n’est que le point de départ de mon intérêt pour les étoiles. Ce n’est que bien plus tard que j’ai en fait compris pourquoi fait cela est intéressant : parce que cela se passe en dehors de toute dimension humaine. Ce type de rapports m’intéresse : s’y manifeste l’infiniment petit, que l’on trouve sur le mur de Planck et qui nous échappe, car visible à travers aucun microscope, outre le fait qu’elle échappe à notre emprise. Ce nano-monde et le cosmos constituent les deux contraires aussi gros que grotesques vus depuis la perspective au ras-de-terre de nos vies d’êtres humains. Et nous participons de l’histoire astronomique, cela ne fait aucun doute. Nous portons en nous ces particules issues de la pré-histoire, qui fut le propre de toute vie dans le cosmos, sans nous en servir dans des proportions suffisamment visibles pour être notées.